« Quand le bien se tait le mal s’exprime » dit un proverbe levantin de l’antiquité
Au grand désarroi des russes, des iraniens et du Hezbollah, en 2019 il a arrêté de manière soudaine le combat alors qu’Idlib au Nord-Ouest et Hassaka et Rakka au Nord-Est de la Syrie et aussi la gigantesque base américaine d’Al-Tanef près de la frontière jordanienne (que les américains avaient évacuée un moment au profit de DAESH avant d’y revenir quelques semaines plus tard) étaient sur le point d’être libérées, Assad ayant fait le choix délibéré de délaisser le soutien russo-irako-iranien au profit d’une amitié affichée avec les EAU et une autre plus discrète avec l’Arabie-Saoudite !
Amitié qui s’est concrétisée en 2021 avec la signature d’accords commerciaux et politiques avec les EAU et par la suite un déferlement de capitaux saoudiens et émiratis pour investir dans la « reconstruction » de la Syrie !
Je résume en une phrase les echos des journalistes russes et aussi iraniens depuis deux jours: « Assad s’était trompé de choix stratégique en se tournant vers les pays du Golfe au lieu d’écouter nos conseils ». Une manière polis de le qualifier de traître et d’ingrat !
J’avais écrit en 2022 : « il n’y a plus en Syrie ni soldats russes, ni soldats iraniens, ni combattants du Hezbollah, il n’y a plus que la base russe de Hmeim, près de Lattiquié, avec un contingent réduit au minimum », personne n’a voulu le croire, ce n’est que depuis hier que russes et iraniens ont officiellement confirmé cette information !
Depuis 2020 à chaque fois qu’Assad était convoqué à Moscou ou à Téhéran ce n’était que pour le sermonner, je l’avais écrit et réécrit en 2020, en 2021, en 2022, en 2023 et encore l’été dernier. Les ministères des AE russe et iranien ont tour à tour déclaré hier soir : « Assad n’a pas écouté nos mises en garde incessants le prévenant du péril que préparent les milices takfiristes, il a préféré ne pas suivre nos conseils», on ne peut être plus explicite !
Hier, tout au long de la journée, les israéliens ont détruit tout le matériel de l’armée syrienne avec près de 400 raids aériens, l’armée syrienne n’a plus ni missiles, ni avions, ni radars, ni chars, ni navires… auparavent l’aviation US, pour une fois, a mené des bombardements ultra-violents contre DAESH (concurrents de Tahrir Al-Sham ex Al-Nosra) au Nord-Est et au centre de la Syrie jusqu’à presque les anéantir !
La question est : pourquoi ces opérations militaires tardives alors qu’américains et israéliens avaient 11 jours pour le faire, voire plus ?
La décision subite d’éliminer DAESH, progénitures des américains et des israéliens répondait à deux impératifs : favoriser les marionnettes des turcs que sont les milices de Tahrir-Al-Sham puis ménager l’opposition politique syrienne indépendante qui n’appartiennent pas ni à « l’armée syrienne libre », ni à « Tahrir Al-Sham » ni à aucun pays de la région qui a informé les américains que si DAESH n’est pas affaibli ils ne collaboreront pas à la phase de transition politique en Syrie, or leur présence est un atout indirect pour les américains car leur adhésion à la phase de transition politique procurent aux anti-Assad un visage démocratique et acceptable pour l’opinion publique levantine contrairement à l’image très contrastée des takfiristes turcs, qui entre temps ont brusquement calmé leurs ardeurs annoncées contre le Liban !
C’est dans cette brèche que russes et iraniens se sont engouffrés hier pour essayer de rééquilibrer les choses !
Déclaration identiques tard hier soir tour au tour des russes, des iraniens et aussi du Hezbollah : « nous respectons le choix du peuple syrien quelqu’il soit du moment où l’intégrité territoriale de la Syrie et celles de ses institutions sont sauvegardées ».
Cette déclaration qui de prime à bord pourrait surprendre est le produit de manœuvres politiques intenses, des russes et des iraniens, pendant les 3-4 jours qui ont suivi la chute d’Hama et de Homs sans combats, ces villes constituant de par leur situation géographique, le verrou avant le Liban et aussi avant Damas.
Il se trouve que l’opposition syrienne indépendante à l’ancien regime assadien, rejointe par un bon nombre des fonctionnaires de l’ancien régime et plébiscitée par le parlement syrien qui s’est réuni hier, a intelligemment réagit après la chute de Damas et la fuite d’Assad en se mettant politiquement en avant, d’abord en trouvant un accord de modus vivendi avec les takfiristes, puis en demandant au premier ministre syrien, chargé par Assad de transmettre pacifiquement les institutions de l’État, de leur confier les ministère régaliens notamment les ministères de la défense et des AE. Aussitôt le ministère de la défense a indiqué officiellement appelé tous les soldats syriens de retrouver leurs casernes pour reprendre du service, appel massivement suivi ! Initiative très favorablement accueillie par les russes et les iraniens.
Dès lors il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les israéliens se sont précipités tardivement pour détruire la totalité du matériel de l’armée syrienne, dont il était prévu de les confier aux takfiristes pour attaquer le Liban et le Hezbollah, et en accentuant l’avancée de leur armée sur le sol syrien sur une profondeur de 25 km en direction de Damas, avancée que les américains ont dû stopper net, pour l’instant, de peur de perdre le contrôle d’une situation qui jusqu’à lors leur été favorable et par conséquent perdre la totalité de l’acquis des derniers jours !
Depuis hier, le chef de Tahrir-Al-Sham le dénommé Al-Joulani n’est plus le seul maître de la Syrie, russes et iraniens, lui ont fait comprendre, et par ricochet ont fait comprendre aux américains, qu’il doit collaborer avec toutes les composantes politiques de la Syrie s’il souhaite faire partie du « jeu » de la transition politique, sans quoi une guerre civile s’installera pour longtemps où seul le chaos gouvernera, ceci n’étant dans l’intérêt de personne.
Première conséquence positive tangible de toutes ces manœuvres diplomatiques: les takfiristes viennent de décider de retirer leurs combattants de toutes les villes syriennes dont la sécurité sera assurée par des brigades spéciales composées d’éléments appartenant à l’ensemble des composantes politiques de l’ex opposition syrienne désormais au pouvoir assurant une transition en douceur.
Lors des deux derniers jours ont a pu constater grandeur nature à la différence entre la diplomatie américaine agressive et arrogante et celles des russes et des iraniens plus fines et plus réfléchies sans aucune précipitation.
Ces derniers développements démontrent que iraniens et russes sont décidés à enrayer la mise en œuvre du projet scélérat et illégal du « Grand Israel » et enrayé il l’est tant qu’il reste des hommes dignes au Levant.
Est-ce que cela voudrait dire que tout va bien dans le meilleur du Monde ? Bien sûr que non, mais une certitude : le bien semble décider à s’exprimer plus fort que le mal… À suivre.
Prochain article déjà annoncé : « Le jour d’après »
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