Les ailes brisées

Soumis par Hayan Sidaoui le jeu 15/04/2021 - 19:58

Rubrique

Je bouscule un peu la programmation annoncée des articles à venir sur mon site "l'Occidentaliste".
Au gré de les navigations hasardeuses sur facebook, je tombe sur une publication de Said Ben qui exhume un monument de la littérature levantine! Un algérien qui me rappelle un oubli coupable de ma part! Je l'en remercie en publiant son texte sur mon cite avec mon introduction en préambule.

Gibran Khalil Gibran (Bcharré, Liban 1883 - New-York 1931) philosophe, poète et écrivain libanais et May Ziadé (Nazareth, Palestine 1886- Le Caire 1941) poétesse, ecrivaine, essayiste ont formé au tournant entre le 19e et 20e siecle un couple littéraire unique dans son genre. un couple virtuel où la distance et l'impossible rencontre n'ont pas empêché une sensualité grandiose bercée par leurs plumes à la fois si légères et si lourdes de sens, où la légèreté porte la tristesse langoureuse comme un triomphe. Le triomphe d'une âme tendre et aussi celui du charnel sans cesse fuyant et hors d'atteinte...

Quel homme n'aurait pas aimé rencontrer le goût éternel de l'amour, éternel car inaccessible que la native de Nazareth a si bien symbolisé ? Et, quelle femme n'aurait aimé passer sa vie à caresser l'admiration pour son aimé devant le même inaccessible amour ?

Entre relation épistolaire jusqu'à l'extrême entre May et Gibran renferme en elle une petite part, sans l'avouer, de l'aventure litteraire "giflante" animée par la malice de Musset et les coquetteries de Georges Sand quoique dans une autre registre, mais aussi une part plus importante de la sordide relation entre Rodin et Camille Claudel, qui avec le "couple" Gibran et Ziadé complète un trio littéraire, dans trois registres différents, faisant ainsi le tour de "la mythologie amoureuse", rien n'est oublié, tout est poussé à l'extrême!

Gibran était-il aussi devoué à May que ses lettres l'affirment ? Et May, était-elle aussi passionnée que sa plume enflammée le disait ?
On ne le saura jamais et tant mieux car la littérature des âmes est bien plus bienveillante que celles des coprs et c'est ce que ce couple imaginaire nous apprend. Parfois vaudrait mieux ne pas voler trop haut pour ne pas finir par durement retomber!

Gibran, l'auteur notamment du "Prophète" et des "ailes brisées" nous avait confié; "vos enfants ne sont pas les vôtres mais ceux de la vie", je lui emboîte le pas en vous confiant: "nos amours ne sont pas les nôtres mais ceux du destin"
Hayan Sidaoui

Par Said Ben:

Chronique des temps passés
Un Amour impossible au goût d'amertume et de tristesse

Une incroyable histoire d'amour qualifiée d'impossible à réuni deux êtres , deux cœurs et deux âmes
Son charme particuler et extraordinaire est qu'elle a duré 19 ans Le plus incroyable, c’est que jamais nos deux amoureux ne se sont rencontrés. Il était dit, il était écrit, que cet amour serait impossible
Une passion ardente platonique qui a consume leurs cœurs
leur histoire est devenu un conte de fée, même si le contenu reste triste et regorge de peines. Les deux amoureux, que le temps, l’espace et la géographie ont séparés, empêchant leur amour de se concrétiser dans la réalité, avaient tout pour être heureux à jamais. Mais le destin avec ses imprévus, la destinée avec ses caprices en décideront autrement et qui s'est perpétuee pendant toute cette durée, avec des moments parfois entrecoupes de longs silences
Nos deux protagonistes sont tous deux Libanais, de cet Orient fascinant au parfum d'ambre et de Jasmin d'avant guerre berceau des trois grandes religions monotheistes qui vivaient en parfaite harmonie dans un climat de respect et de consideration
Elle c'est May Ziada chrétienne , elle a vu le jour en Palestine. De père libanais et de mère palestinienne
May Ziada de son véritable nom Marie Ziadé, est une poète libanaise née en 1886 à Nazareth, en Palestine. Elle est élevée dans sa ville natale, puis part au Liban y faire ses études primaires et secondaires. C’est au Caire qu’elle s’installe finalement avec ses parents pour y étudier les littératures étrangères modernes à l’université égyptienne. Sa maitrise des langues la pousse à entreprendre un travail de traduction
Elle commence à écrire dès son adolescence et est publiée dans des revues diverses, dont celle dirigée par son père. Elle portera tout au long de sa carrière d’auteure de nombreux pseudonymes, dont le plus beau est peut-être bien celui d’Isis Copia (en référence à la déesse égyptienne Isis et Copia étant la traduction de son nom de famille en latin, qui signifie « abondance » Ziada ) sous lequel ses poèmes sont publiés en France alors qu’elle vient d’avoir vingt-quatre ans.
Dynamique, elle fonde le Salon littéraire qui deviendra l’espace des intellectuels égyptiens et du monde arabe.
Son salon est fréquente par des écrivains de renom, tel Taha Hussein, Al Akkad Mohamed Abdou, Quacim Amine, Mustapha Sadek Al Rafii...... Pour ne citer que ceux ci...
Elle avait un talent d'oratrice indéniable, c'est elle qui présidait et animait les débats
May Ziadé s’intéresse au féminisme, elle est considérée comme étant la pionnière du féminisme oriental. A travers son travail, elle appelle les femmes à s'interroger sur leur condition de vie et à s’émanciper. Elle milite dans ses salons mais surtout dans ses écrits
Lui c'est Gibran Khalil GIbran il était libanais, tout comme May. Et était né en 1883
Issu d'une famille modeste chrétienne, Khalil Gibran suit sa mère qui, aspirant à une vie meilleure, quitte le Liban pour Boston. Nostalgique, il retourne dans son pays et entame des études à l'Ecole de la sagesse à Beyrouth où il étudie l'arabe et le français, tout en suivant un enseignement religieux et moral. Passionné de peinture, Khalil Gibran décide de s'installer à Paris et d'étudier à l'Ecole des beaux-arts
Sa mère mourante, il accourt à son chevet à Boston et décide dès lors d'exercer ses talents à New York. Son génie créatif lui vaut quelques oeuvres remarquables dont l'incontournable 'Le Prophète', véritable référence spirituelle.
Il garde dans l’exil une passion exaltante pour son pays.philosophe, écrivain, poète et peintre, c’est un lecteur de la Bible qui parle comme un soufi, un chrétien qui chérit la gloire de l’Islam, un amoureux qui cherche sur le miroir de son oeuvre la pureté de son âme. Il a passé sa
vie à écrire et à peindre. Il est de Bécharré ville libanaise somptueuse avec ses cascades, ses forêts, ses hivers de neige, ses chants , ses collines plantées de vieux ceps, et « leurs grappes suspendues comme des lustres d'or »,qui lui ont appris cette touche poétique merveilleuse de voir le fond des choses où il rentrera après trois étapes décisives (Paris, New York, Boston), dans un cercueil en bois de cèdre, pour y être enterré en un dernier hommage.
Histoire de leurs amours
Tout à commencé par
l'attention et admiration que porté May aux écrits de l’exilé Gibran, en osant lui écrire une lettre, intellectuelle, critique et amicale. Gibran, des États-Unis, lui répond avec amabilité, courtoisie et admiration.
Les lettres seront le seul contact réel entre les deux écrivains, qui vont s’échanger des écrits, et des sentiments. Au fil du temps, l’amour s’installe sans se dévoiler, puis devient un fait. Plus les années passent, plus les mots d’amour enrichissent le répertoire de leur incroyable histoire. Leur relation amoureuse, intense et unique dans son genre, aura duré presque vingt ans pendant lesquels leur amour aura pris des proportions inimaginables. Seules leurs lettres peuvent raconter la dimension de cet amour féerique et emouvant.
Le plus incroyable, c’est que jamais Gibran et May ne se sont rencontrés. Il était dit, il était écrit, que cet amour serait impossible. Quand Gibran disparaît en 1931 à New York, May sera inconsolable durant les dix ans qu’il lui restera à vivre.
Son souvenir restera gravé dans son cœur jusqu'à la dernière minute de sa vie
Elle quittera ce monde pour rejoindre son amoureux dans l’autre
"L'amour ignore sa profondeur jusqu'à l'heure de la séparation" paroles prémonitoires de Gibran en guise d'epitaphe, pour terminer ce sublime roman d'amour original
Extraits des lettres d'amour
May
"Mais je sais que vous êtes mon bien-aimé et que je vénère l'Amour. Je dis cela en sachant parfaitement que le plus petit Amour est grand. La pauvreté et les épreuves qui vont de paire avec l'Amour sont de loin préférables à la richesse sans lui."
Gibran
" May, vous êtes le plus grand des trésors de la vie - vous êtes même plus que cela - vous êtes vous. Et je remercie Dieu que vous apparteniez à la nation à laquelle moi-même j'appartiens, et que vous viviez à la même époque que moi. Quand parfois je vous imagine vivant au siècle dernier ou dans le siècle à venir, je lève la main et balaie l'air comme quelqu'un qui dissipe un nuage de fumée devant son visage "

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