Le dilemne Levantin

Soumis par Hayan Sidaoui le mer 03/07/2019 - 19:47

Rubrique

Sur fond de la crise des gilets jaunes je reviens sur ce texte que j'ai publié sur mon compte Facebook il y a deux ans. Le mouvement des gilets jaunes est bien évidement méritoire mais de notre point de vue, nous autres levantins victimes de vos guerres cupides, nous estimons que cela est insuffisant. Le mouvement de contestation a certes pris de la consistance ces derniers temps atténuant la cacophonie et les maladresses des premières semaines grâce à un discours ajusté par quelques-uns, cependant il est encore loin du compte. Loin du compte car ce mouvement populaire légitime n'a toujours pas décelé les vraies raisons de la dégradation de l'économie en France ni la posture rigide du pouvoir.

mon texte publié il y a un peu plus de deux sur mon compte facebook:

Il est clair que nous avons nos certitudes, inébranlables, solidement ancrées dans nos esprits comme dans nos cœurs, puissantes, salvatrices dans les moments difficiles. Certitudes certes rudes par moments, mais dont l’efficacité est garante de notre survie et par conséquent, n’en déplaise, à travers elles, la survie de l’humanité. Peu importe si nos certitudes sont jugées prétentieuses ou suffisantes, la réalité est rarement modeste, elle s’impose et dicte sa loi.

Cependant nous avons aussi des hésitations, saines car bénéfiques et salutaires pour nos certitudes. Une existence sans le moindre doute est une existence étriquée, mort-née. Ce que nos détracteurs à l’existence éphémère car malsaine, croient être des certitudes ne sont que des doutes non assumés. Leurs doutes sont occultés par l’arrogance de l’ignorant, méconnaissant la réalité ou bien la camouflant, par dépit et par impuissance, sous le voile supposé cousu de fil d'or du « c’est la faute des autres ».

Six ans d’acharnement sans précédent contre un pays plutôt petit, 185 000 km2 et 22 millions d’habitants. Ce pays est déjà en guerre depuis 1948 avec l’entité coloniale israélienne qui a annexé une partie de son territoire. Et pas n’importe quelle terre, la plus riche en matières premières et en eau, avec une situation géographique stratégique. Faut-il encore rappeler les guerres israéliennes et otanusiennes en Irak, au Yémen, au Liban ou le drame palestinien qui perdure depuis 69 ans ?

Pourquoi ce rappel condensé ? Une question à laquelle je réponds par d’autres questions.

Allons-nous, nous autres levantins, rester tolérants indéfiniment en nous contentant de nous défendre sur nos territoires agressés, sans chercher à porter le chaos chez les autres ?

Allons-nous rester ceux qui encaissent sans porter des coups aussi bas que ceux que nous recevons avec assiduité, de la part de nos agresseurs ?

Aurions-nous la capacité, en supposant que nous en avons la volonté, de rester patients jusqu’à ce que le dernier des nôtres disparaisse, sous les coups de butoir du terrorisme occidental, élevé au rang d’élan civilisateur par ceux qui dirigent, mais aussi par ceux qui peuplent ce même Occident ?

Il est bien là notre doute au centre de nos certitudes. Un doute sur le langage que nous devrions tenir à l’avenir, avec nos agresseurs dépourvus de scrupules, de conscience et donc d’humanité.

N’avons-nous pas déjà fait preuve d’assez de patience, de retenue, de civilité, à l’encontre de ceux qui font fi de nos vies et notre existence ? La coupe n’est-elle pas déjà pleine comme vous dites ? Allons-nous encore une fois la boire nous-mêmes jusqu’à la lie, sous prétexte que nous tenons à notre humanisme ? Aurions-nous déjà encore une fois cette force ? Notre réponse est simple : Non !

Les sociétés occidentales, qui pleurent leur pouvoir d’achat malgré le confort dont elles jouissent, dont bien des peuples aimeraient avoir le quart, passent outre ce qu’elles infligent aux autres peuples, du moins via leurs élus toujours réélus, dans le seul et unique but de maintenir le confort en question, voire de l’accentuer, vont-elles enfin se dire « nous sommes aussi responsables que nos élus, que nous ne cessons de réélire, malgré leurs crimes et leur inhumanité ?

On commence au Levant à se poser la question suivante : qui des élus ou des électeurs est en réalité le plus responsable ? Croyez-vous que nous allons pleurer pour ceux qui se contentent du SMIC ou du RSA, avec en plus une couverture sociale universelle, le tout sans agresseurs à leurs portes, leurs femmes et enfants en sécurité et dont, la plupart du temps pour bon nombre, les plus grosses dépenses sont les vacances, une TV pour suivre un match de foot et pouvoir faire grève dans l’objectif de gagner dix euros de plus par mois ?

Croyez-vous que ceux que vous élisez, détruisent leurs maisons, tuent leurs proches les plus chers, détruisent l’économie de leurs pays non sans prendre la précaution de les spolier au préalable ? Et ils vont pleurer si des attentats sont commis dans vos villes ? En vérité oui, malgré les décennies de massacres subits et planifiés par vos représentants légitimes, j’insiste légitimes, ils continuent de condamner et de pleurer vos morts mais pour combien de temps ? Le chaos porté chez vous n’aurait-il pas pour vocation de les soulager ?

Pire, pire pour eux comme pour vous-même, ce que vos œillères de la consommation vous empêchent de voir : de quoi vos candidats débattent lors de vos vraies fausses élections ? De valeurs ? De principes ? D’humanité universelle ? Des droits des peuples opprimés ? etc. etc. Eh bien non ! Nous n’assistons qu’à des débats qui en réalité ne sont des querelles d’épiciers, je donne ceci ici, j’ampute un budget par-ci, j’en rajoute par-ci par-là …

C’est bien celle-là la démocratie que vous voulez nous imposer, au prix de centaines de milliers de morts ? Vos préoccupations de civilisation auto-proclamée supérieure, se limitent-elles à ces considérations bassement matérialistes, de surcroît non vitales ?

Vous souciez vous de combien de sang, de drames et de catastrophes est fait votre confort « supérieur », mais sûrement pas de votre supériorité que vous ruminez depuis des lustres, alors qu’elle n’existe même pas.

Je précède les autres levantins, dans le souci d’abréger leurs souffrances, en appelant de mes vœux que le chaos que vous nous exportez puisse arriver chez vous, non pas par vengeance ni par représailles, mais par pédagogie, car il semble que le langage de la violence est le seul que vous seriez en mesure de comprendre.

Vos soutiens, ou le soutien de quelques-uns parmi vous, sont méritoires et très appréciables mais nous les pensons inutiles car taillés en pièces par la majorité, nous pensons qu’au lieu de pleurer sur notre sort, il serait temps que vous renversiez vos fausses certitudes et remettez à jour vos doutes oubliés, sinon les futurs pleurs seront vôtres.

Finalement le dilemme levantin est le suivant : allons-nous souhaiter votre mort comme condition de notre survie ou allons-nous continuer à souffrir pour le monde entier, jusqu’à ce que vous reveniez à la raison ?

Nous, nous en doutons de vos capacités de réveil ou de sacrifice aussi minime soit-il pour ne pas transformer notre doute en certitude car personne n’y gagnera le moindre laurier.

Publié sur mon FB le 23 mars 2017

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